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Saint Jacques

6 juillet 2009

Du Puy-en-Velay à Figeac (24 Juin au 6 juillet)

Du Puy-en-Velay à Figeac (24 Juin au 6 juillet)

Lundi 6 juillet le retour

Le matin, je traîne au réveil, laissant ceux qui continuent. Je déjeunerai avec l'hospitalier, puis me promènerai dans Figeac, cherchant en vain une librairie ouverte où acheter un livre. Je me rabats sur un marchand de journaux et j'achète une revue. A la gare, je retrouve mes deux couples de randonneurs pressés. Je discute avec les hommes de la situation. Une grève surprise nous oblige à prendre le car jusqu'à Brive-la-Gaillarde. Là bas, il reste une heure d'attente pour la correspondance.

Il est midi. Je mange une boîte de sardines avec un quignon de pain, assis dans un terrain vague derrière la gare.

 

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5 juillet 2009

dimanche 5 Juillet Livinhac-le-Haut / Figeac

  • 12-Livinhac-le-Haut / Figeac
    12-Livinhac-le-Haut / Figeac
  • La chaleur étant toujours présente, je me lève à 5h30 et je pars rapidement. Je retrouve Daniel, le pré-retraité de France Telecom, mon collègue de dortoir à Golinhac, qui apparemment a réussi à échapper aux punaises. Il est pressé, car il compte prendre vers 16 heures un train à Figeac pour regagner Marseille.
    Moi aussi je suis pressé, au point de vouloir terminer l'étape, à peine elle est commencée, et ce depuis un moment. Est-ce une lassitude physique due à la chaleur, à la lourdeur du sac que je peine de plus en plus à porter, à la fatigue accumulée depuis le départ, au poids de la routine journalière : marcher, trouver un logement, de l'eau de la nourriture, laver ses vêtements ? Pour une part, certainement. L'émerveillement ressenti tous les jours devant la beauté des paysages traversés, le plaisir que je prends à visiter toutes les curiosités sur le chemin n'y font rien. Plus les jours passent, plus je me lève et j'arrive tôt, et davantage je suis las. Est-ce un simple passage à vide? Pas sûr, car dès la première demi-journée après le départ du Puy, j'avais ressenti cette envie d'arriver au plus vite, comme si j'avais peur de ne pas y parvenir dans les temps. "Ultreïa, Ultreïa !" dit parfois Anna, en signe d'encouragement, comme si elle comprend cette lassitude qu'elle partage peut-être. De plus, je suis souvent seul et les rencontres que je fais ne comblent pas ce sentiment d'isolement. Dans la littérature sur la marche et le pélerinage, on pare de beaucoup d'attraits le cheminement solitaire, qui permettrait à chacun de se retrouver pour devenir vraiment lui-même. Je n' y crois pas trop. Il en est de la solitude comme du jeûne, ça peut être un appauvrissement. Seul, on est souvent le jouet de ses ruminations favorites dont il ne sort pas toujours grand-chose. Mais paradoxalement, la solitude qui est une souffrance, peut aussi être une sorte de drogue. J'éprouve une véritable ivresse à passer la journée seul, à traverser des hameaux désertés sans rencontrer le moindre être humain, à marcher des heures dans des paysages sublimes sans croiser personne. J'ai parfois l'impression qu'un grand cataclysme a vidé la terre de ses habitants et d'être le dernier survivant de la race humaine. Mais le paradoxe ne s'arrête pas là. Même la fatigue physique dont je me plaint peut devenir une volupté. Il arrive que l'épuisement après une longue étape soit un véritable plaisir.

    Mais ce matin je ne suis pas seul. Je marche avec Daniel en bavardant. Il me quitte vers midi car j'ai décidé de faire une pause et manger avant d'arriver à Figeac. L'environnement est agréable, l'habitat a changé : les maisons sont riantes avec leurs tuiles canal et leurs ouvertures sur l'extérieur. L'austérité a disparu.
    J'arrive néanmoins tôt à Figeac. La veille, j'avais réservé la nuit au gîte de la Voie Romaine. Situé au bord d'une route fréquentée à l'entrée de la ville, il est sinistre et peu convivial. J'y prends une douche et y lave mes vêtements. Je pars visiter la ville et m'arrête à l'office du tourisme où l'on m'indique les coordonnées de l'accueil chrétien, le Carmel ou finalement je m'installe. Mes compagnons habituels sont là : Charles, Wendy, Anna. S'y ajoutent une couple de jeunes gens, un étudiant en médecine qui a intégré l'armée et sa compagne éducatrice et Bernard, le Béarnais, que j'ai rencontré pour la première fois à Conques.
    C'est un couple d' hospitaliers qui tient l'accueil. L'hospitalier est un chrétien qui a fait le chemin et accepte de gérer bénévolement, pour une période déterminée, un hébergement pour des pèlerins. Je rencontrerai mes premiers hospitaliers à Conques, ils assuraient l'accueil dans l'abbaye. Ce couple d'hospitalier est originaire de Bordeaux, il nous fera la cuisine le soir. Le matin, il préparera notre petit déjeuner. Les locaux de l'accueil jouxtent le couvent de carmélites. Elles sont neuf, vivant cloîtrées. La soeur supérieure assure les liaisons avec le monde extérieur.
    Dans la pièce qui fait office de cuisine et de salle à manger, sont accrochés au mur des petits cartons comportant des maximes : "avant de porter un jugement sur autrui, porte pendant quinze jours ses chaussures", "pratiquer l'hospitalité, c'est permettre à un ange de rentrer chez soi". Sur un autre mur est accroché une grande carte du magazine Le Pélerin représentant les chemins de Saint Jacques en Europe. Tout est vétuste et vermoulu dans ces lieux.
    Je visite Figeac en parcourant méthodiquement l'itinéraire remis par l'Office du Tourisme. C'est bien propre, restauré et mis en valeur. Beaucoup de belles maisons anciennes aux murs gaiement colorés. La Place des Ecritures avec l'immense reproduction en granit noir de la pierre de Rosette forme un ensemble impressionnant.
    On est dimanche. La ville est écrasée de chaleur. Peu de monde dans les rues calmes. La visite se termine à une terrasse de café.
    En soirée, j'aurai au téléphone Antoine, mon plus jeune fils. Je souhaiterai que cette année il ait ses examens, sans avoir à passer d'oral. Ça me parait jouable, mais avec Antoine on ne sait jamais. Le déroulement des épreuves aurait été catastrophique que je n 'en aurais rien su. Mais tout se passera bien, il n'aura pas à passer d'oral.


    Je fais des adieux formels, sans effusions, à Anna, Charles et Wendy, qui tous continuent le chemin jusqu'à Compostelle.

    Plutôt que rejoindre la chambre où dorment Anna et Bernard, je choisis un matelas dans le couloir, prétextant que je ronfle. J'ai envie de m'isoler.

    4 juillet 2009

    samedi 4 Juillet Conques/Livinhac-le-Haut

  • 11-Conques/ Livinhac-le-Haut
    11-Conques/ Livinhac-le-Haut
  • La matinée est marquée par l'ascension du chemin de croix jusqu'à la chapelle Saint-Roch. Je ferai un détour dans une cour de ferme sale et mal tenue, avec une vache efflanquée et boiteuse au bord de la mort. A la chapelle, je retrouve Anna. Je passe un moment à l'intérieur pour lire le livre d'or. Beaucoup de textes émouvants, pleins de souffrance et de désespoirs :"Mon Dieu, protège mes parents, garde-les près de toi", "Aide-moi à trouver le compagnon avec qui je ferai un bout de chemin", "Donne-moi l'envie et la force de vivre". On y trouve aussi des remerciements pour ceux qui laissent ouverts ce lieu charmant. J'apprécie maintenant le calme, la fraîcheur, la sérénité des églises et des chapelles. Je ne manque jamais de m'y arrêter dès que j'en trouve sur le chemin. La montée de ce chemin de croix est une expérience qui reste gravée dans l'esprit des marcheurs, qui en parlent avec beaucoup d'enthousiasme.

    J'intègre ensuite un groupe de randonneurs très pressés d'arriver. Je découvrirai que ce groupe hétéroclite, de près de dix personnes, est guidé par deux couples d'enseignants. Ils emprunteront tous les raccourcis possibles. Nous ferons d'abord la variante par Noailhac, puis la route des crêtes qui permet d'éviter la descente vers Decazeville et la remontée sur le plateau. Mais nous ne quitterons jamais le bitume.

    A Livinhac, on s'installe tous au gîte communal. Je retrouve plus tard Charles, Wendy, Michel. Je partage le repas du soir avec eux. Michel m'offrira une bière à la terrasse d'un café sur la place du village. C'est un garçon sympathique et solitaire qui habite la région. Il a pas mal d'humour et de philosophie. Je l'avais croisé fréquemment au bord du chemin, sans jamais marcher avec lui. Il bivouaque souvent. A plusieurs reprises je l'ai vu arrêté au bord du chemin, faisant sécher son sac de couchage mouillé par la rosée de la nuit.

    Tout est calme dans le village. Seule, à nos côtés, une jeune femme parle avec beaucoup de gentillesse et force mines et gestes gracieux à un homme âgé, qui ne dira pas un mot.

    3 juillet 2009

    vendredi 3 Juillet Golinhac / Conques

  • 10-Golinhac / Conques
    10-Golinhac / Conques
  • Ce matin, la vallée du Lot est couverte de brume. Je marche seul. Après être passé par Espeyrac, je verrai à Sénergues Michel, Anna, Charles et Wendy pour un pique-nique près de l'église. Arrivé le premier, je traîne et finit par partir le dernier. Je perds le GR et je poursuis mon chemin jusqu'à Conques par la route départementale.
    A l'arrivée à Conques je suis juste derrière Anna à l'accueil des Prémontrés. Je m'installe dans le dortoir à côté d'elle. Je visite l'abbatiale. L'intérieur est grandiose, sobre et majestueux. Je fais quelques courses avec Anna, en prévision de la journée de demain. Nous rencontrons Harry, garçon sportif, aimable, intelligent et plein d'humour. On le croise régulièrement attablé dans les bistrots. Je l'ai vu dans une buvette improvisée sur le chemin: "I like the concept, you drink, you pay the money".
    Le soir, au réfectoire des Prémontrés, je ne mangerai pas avec Anna qui a rejoint le couple d'anglais vivant dans le pays de Galles. J'ai eu quelquefois mon regard attiré par Jenny pendant le repas, puis je sentirai le sien. Avant, nous avons échangé quelques mots. Elle était assise sur un banc, un foulard autour du cou, joliement habillée de vêtements bleus ciels assortis à ses yeux. Toute cette coquetterie est surprenante et inhabituelle. Je mangerai à une table où hommes et femmes sont séparés. Dans le clan des hommes, Bernard, Daniel et moi.
    Après le repas, il y a dans l'abbatiale une petite cérémonie religieuse, les complies, puis un des moines entreprend l'explication du tympan . La soirée se termine avec une improvisation d'orgue par ce même moine que j'écoute du haut des tribunes illuminées. Avec les jeux d'éclairage, l'endroit prend une dimension magique : les colonnes dorées par les lumières paraissent se refléter dans un miroir et leur nombres'être multiplié. L'espace vide de la nef et du transept semble avoir disparu, on a l'impression de marcher dans une véritable forêt de fûts de pierre.
    L'abbaye n'est occupée que par cinq moines. Ils sont assistés pour la gestion de l'hébergement des pélerins par des hospitaliers et des scouts.
    Le matin, je déjeune dans le réfectoire avec un hospitalier qui tient à la main un ouvrage sur la pensée de Pascal et celle de Saint Augustin. Je suis rejoint par de jeunes scouts parisiennes venues passer une semaine dans l'abbaye pour y travailler.

    2 juillet 2009

    jeudi 2 juillet Espalion /Golinhac

  • 9- Espalion / Golinhac
    9- Espalion / Golinhac
  • Les journées étant devenues plus chaudes, je quitte le gîte seul, très tôt le matin. Je parcours les premiers kilomètres au lever du soleil, dans la brume, longeant le Lot. Ma première halte sera à Bessuéjouls, pour y visiter la chapelle romane Saint-Pierre, un édifice en grès rose, qui présente en son premier étage une autre chapelle, toute sombre et massive, presque troglodytique. Après Saint-Pierre, une montée abrupte permet en se retournant d'avoir une vue d'ensemble du village. Plus loin, sur le plateau, on passe devant l'église du Trédou entourée de son cimetière. Après une pose sur le pont d'Estaing, je poursuis le chemin qui emprunte une route verdoyante, construite entre une paroi rocheuse et le Lot. Les moindres accès à la rivière sont occupés par des pêcheurs. Puis le sentier remonte sur le plateau où se succèdent étendues cultivées et zones boisées. On passe une hêtraie. Les arbres y ont presque l'apparence de bouleaux.

    Je ne croiserai personne dans la matinée. L'après-midi je retrouve les quatre Français, qui logeaient à l'Accueil Saint-François au Puy. Ils ont voyagé pendant quelques jours avec des amis en camping-car, avec qui ils déjeunent le midi. Un des marcheurs étant bien mal en point, pour lui éviter trop d'efforts, ils font certains passages en voiture. Malgré cela, il sera obligé d'abandonner avant Conques.
    Au gîte de Golinhac, qui est intégré à un complexe communal comprenant gîte, camping et restaurant, je dîne avec Anna, un couple d'anglais, Chris et Jenny, Harry, Bernard un gars du Béarn. Jenny est une femme d'un certain âge, souriante et adorable. Chris est pasteur anglican. Tous deux qui vivent au pays de Galles ont décidé d'aller jusqu'à Compostelle. Mais ne pratiquant pas d'ordinaire la marche, ils sont totalement épuisés.

    Anna s'était installée près de moi dans le dortoir. Mais il ne me plaît pas. Il est exigu, sombre et étouffant. Il n'est pas encore plein, pourtant j'ai l'impression que nous y sommes déjà entassés. Nous sommes quatre: Anna et moi, Jenny et Chris. Je choisis d'en gagner un autre où ne dort qu'une seule personne, Daniel avec qui je marcherai après Livinhac. Anna en est très vexée, je la comprends. Elle me dit : "du bist wie eine Oma". Ce dernier dortoir est vraisemblablement infesté par des punaises. Le lendemain, je serai couvert de piqûres, ce qui ne manquera pas d'amuser Anna qui doit y voir une punition méritée. Elles me démangeront bien longtemps après mon retour à Paris.

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    1 juillet 2009

    mercredi 1 juillet Saint-Chély-d'Aubrac/Espalion

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  • 8-Saint-Chély-d'Aubrac/ Espalion
    8-Saint-Chély-d'Aubrac/ Espalion
  • Ce matin, agacé par les manières de notre hôte, j'en oublierai mes bâtons de marche que je dois revenir rechercher depuis la sortie du village. Mes bâtons récupérés, je m'engage, peu après le pont gothique, sur un GR, mais ce n'est pas le bon, une fois de plus. J'aurais dû poursuivre un peu plus haut, jusqu'au cimetière. Pendant près de deux heures, je monte jusqu'à atteindre les Enfrux, très loin du chemin que j'aurais dû prendre. Je savais que je n'étais pas sur la bonne voie, mais j'avais le secret espoir de trouver un raccourci qui me remette sur le bon GR, sans avoir à revenir en arrière. Par malheur, je me suis dirigé en dehors de ma carte, maintenant je suis totalement perdu. Aux Enfrux, le problème c'est de trouver quelqu'un qui puisse me renseigner. Rencontrer une âme qui vive en pleine journée est une gageure dans ces hameaux. J'arpente les ruelles. Je finis apercevoir une adolescente. Elle est arrivée hier pour passer des vacances. Ellee ne sait pas vraiment où elle est. Elle m'indique un gite qui pourrait me renseigner. Devant le gîte je tombe sur un couple qui y a passé la nuit et qui se propose aimablement de me redescendre en voiture à mon point de départ. Ils ont aménagé l'arrière de leur petit utilitaire avec deux matelas et passent ainsi leurs vacances. Deux heures de perdues.

    Je reprends mon cheminement. Je traverse une hêtraie, fraîche et humide, encore tapissée des feuilles mortes de l'automne dernier, où la marche se fait tout en souplesse et où les sons parviennent étouffés. Plus loin, c'est une châtaigneraie en fleurs. Dans la campagne, les maisons traditionnelles ressemblent à celles des images illustrant les contes de fées, avec leurs jolis toits irréguliers dont les lauzes brillent d'un éclat métallique au soleil. Aujourd'hui, je voyage seul, cherchant à récupérer le temps perdu. Etant très en retard, je rencontre au début un grand nombre de personnes qui avancent moins vite, et que j'avais dépassé ses derniers jours : Jérôme, les deux jeunes suisses, puis Vicente et Marithé. A chacune de ces rencontres, nous discutons, donnant de nos nouvelles et en prenant de ceux qu'on a pas vu depuis un moment. Ce qui fait que je dois marcher à un rythme très soutenu si je veux parvenir à Espalion pas trop tard. J'arrive à Saint-Côme d'Olt en début d'après midi, sous une température caniculaire.
    Épuisé par la chaleur et les efforts pour rattraper mon retard, je suis incapable de suivre par moi-même les balisages du chemin. Je m'adresse à un habitant qui s'indigne: "mais vous n'avez même pas visité la chapelle des Pénitents, en plus il y a une exposition très intéressante sur les clochers!". Il me fait presque la morale. Je ne regretterai pas d'avoir écouté ses conseils : la chapelle est charmante et l'exposition sur les clochers bien documentée. Malheureusement, je ne peux pas trop m'y attarder, il me reste une longue route à faire, et je souhaite passer un peu de temps dans ce très beau village qui a conservé un important patrimoine architectural ancien.
    A Espalion, une petite ville animée sur les bords du Lot avec des maisons anciennes et de vieux édifices en grès rose, je rejoins au gîte communal Charles, Wendy et Anna. Je fais la connaissance de Michel, un garçon du coin qui randonne sur le chemin, et d'Andréas, un jeune allemand exalté et mystique qui va jusqu'à Compostelle. Tous les deux pratiquent le bivouac en pleine nature. Andréas parlera avec passion des soirées passées à regarder les étoiles et de l'agrément des nuits en forêt où on ne sent pas l'humidité.

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    30 juin 2009

    mardi 30 juin Nasbinals /Saint-Chély-d'Aubrac

  • 7-Nasbinals / Saint-Chély-d'Aubrac
    7-Nasbinals / Saint-Chély-d'Aubrac
  • Ce matin, Anna partira avant moi. Je serai seul jusqu'à Aubrac où je la rejoins. Elle est attablés à une terrasse avec Charles, Wendy et Harry, le norvégien. Mon arrivée sonnera le signal de la dispersion. Je visite seul la tour des Anglais et le petit jardin botanique consacré aux plantes de l'Aubrac. Je mange au pied de la tour avec Anna et je verrai la québécoise qui logeait à la ferme du Barry.

    A Saint-Chély, Anna veut prendre en charge les opérations de recherche d'un logement. Mais au lieu d'aller au gîte communal, comme convenu, elle va s'installer dans une chambre d'hôte : la tour des Chapelains, où Harry est déjà installé. La bâtisse, qui date de la Renaissance, est restaurée avec goût par le fils d'un marchand de bestiaux du Poitou. Il nous racontera quelques épisodes de sa vie : son enfance, son travail dans les abattoirs (le matin, il devait boire un verre de sang chaud du premier bovin abattu). Puis ses expériences d'entrepreneur en confection et en hôtellerie au Maroc, la découverte d'un cancer et la revente de l'activité et l'installation à Saint Chély. Sa femme est en cuisine, nous ne la verrons pas. Beaucoup de culot et de roublardise chez cet homme. Le lendemain matin, lorsque je réglerai, j'aurai la surprise de voir le montant convenu majoré de prestations qui auraient dû être incluses dans le prix de base : taxe de séjour, vin et tisane.
    C'était ma première expérience dans une chambre d'hôte. Je ne vois pas trop la différence avec un hôtel. Harry me dira que pour lui c'est pareil. Certes nous mangerons tous à la même table, notre hôte nous racontera sa vie. Mais je préfère la simplicité des gîtes avec la préparation en commun du repas du soir. les bavardages et les échanges dans les salles communes et les dortoirs.

    29 juin 2009

    lundi 29 juin Aumont-Aubrac /Nasbinals

  • 6-Aumont-Aubrac /Nasbinals
    6-Aumont-Aubrac /Nasbinals
  • Le matin, comme souvent, Anna est impatiente de partir. Nous voyons les marques d'un sentier avec un balisage GR que nous nous empresserons de suivre. Elle marche vite et je n'ai pas la présence d'esprit de sortir mon topoguide. Je ne le sortirai qu'une heure plus tard pour m'apercevoir  alors que nous faisons fausse route et que nous ne sommes pas sur le GR65. Nous devons rebrousser chemin : deux heures de perdues, que nous ne rattraperons que partiellement, en prenant des raccourcis par la route.
    Elle est contrariée de ce contretemps et me le fait comprendre "si je dois aller à Compostelle avec toi, il faut que je prévois de faire, deux fois plus de kilométres".
    L'après-midi, nous marcherons à proximité de forêts et de sous-bois où paissent des troupeaux de vaches. Puis le paysage se désertifie : les bois disparaissent, remplacés par des paturages parsemés de blocs de granit. Des murets en pierre les entourent et bordent le chemin. Les prairies fleuries à perte de vue semblant rejoindre le ciel bleu inspirent un sentiment d'infini et d'immensité. Alors que nous sommes dans un environnement modelé par l'élevage, jadis couvert d'épaisses forêts, les couleurs pures, les formes simples du relief donnent l'illusion d'être plongé dans une nature primordiale et paradisiaque, qu'on est les premiers à découvrir. L'Aubrac laisse une forte impression à ceux qui le traversent.

    A l'approche de Nasbinals, au-delà de la rivière, en arrivant vers Montgros, le milieu perd de son austérité, le granit disparaît, les haies deviennent végétales. On retrouve un paysage traditionnel de campagne française.

    A Nasbinals, je choisis avec Anna, à la place du gîte communal où noos nous étions d'abord rendu, le gîte NADA, situé dans une ancienne école. Nous serons seuls dans un grand dortoir. Nous mangerons tous les deux, dans le vaste réfectoire, frugalement, car nous n'avons que très peu de provisions, les commerces étant fermés.
    Nasbinals est un joli village, bien tenu, presque trop propret. Le monument aux morts comporte une liste impressionnante de soldats décédés pendant la guerre de 1914/1918, quelquefois les mêmes noms de famille, seul le prénom change. Je n'ai plus le nombreen tête, mais on dépasse largement les cinquante noms. La commune était certainement beaucoup plus peuplée à cette époque, mais l'hécatombe a été terrible.
    J'inviterai Anna à boire une bière sur la place du village. Elle me demandera de prendre des photos d'elle, afin que je les envoie à sa fille dès mon retour à Paris, pour lui montrer que tout se passe bien. Elle a dû être hospitalisée au Puy et elle a eu envie d'abandonner. Mais elle a repris le dessus.

    28 juin 2009

    dimanche 28 juin Domaine du Sauvage / Aumont-Aubrac

  • 5-Le domaine du Sauvage/ Aumont-Aubrac
    5-Le domaine du Sauvage/ Aumont-Aubrac
  • Par une journée ensoleillée, j'arrive vers 11 heures à Saint-Alban-sur-Limagnole . Le village possède un joli château aux ouvertures entourées de grès rose, une adorable petite église romane, un hôpital psychiatrique ouvert, que le chemin traverse et dont certains pensionnaires errent tranquillement dans les rues. Anna, Charles et Wendy sont déjà là. Nous faisons nos courses chacun de notre côté. Je repartirai avec Anna, une allemande d'origine croate qui a quitté son pays d'origine il y a quarante-quatre ans, à l'âge de vingt-deux ans. Elle est partie de Bibertal, près d'Ulm, il y a quarante jours. Elle a déjà parcouru près de 1000 km, il lui en reste 1500 pour atteindre Compostelle. Je ferai les mêmes étapes qu'elle jusqu'à Figeac, dormant dans les mêmes gîtes. Nous marcherons souvent côte à côte. La communication est difficile avec elle qui ne parle que très mal anglais et ne parle pas le français. Finalement nous parlerons allemand. Elle ne ménagera pas ses efforts pour me faire me souvenir de mes années de lycée, lorsque j'apprenais l'allemand.

    Elle hésitait sur le logement. Nous tomberons d'accord sur la ferme du Barry, un gîte d'étape animé par Vincent, un quadragénaire sympathique qui aura préparé seul un diner pour dix-huit personnes et en aura assuré le service. Je dîne aux côtés d'Anna, d'un couple franco-allemand, d'une agricultrice québécoise et d'un couple de jeunes suisses.
    Nous dormirons très bien dans un tout petit dortoir à six.

    27 juin 2009

    samedi 27 juin Saugues / Le Domaine du Sauvage

  • 4-Saugues/ Le domaine du Sauvage
    4-Saugues/ Le domaine du Sauvage
  • La journée commence dans la fraîcheur et la grisaille maisle temps s'améliorera progressivement et la journée se terninera sous le soleil. Le sentier traverse des petits villages et des hameaux qui semblent quasi désertés : la Clauze, Le Falzet. Je voyage seul jusqu'au Sauvage. Le trajet dans les forêts et prairies est de toute beauté. J'arrive au Sauvage à 14 heures. Charles et Wendy sont déjà là et déjeunent.
    Au fur et à mesure de l'après-midi nous verrons les autres arriver : Marithé et Vicente, Jérôme, les deux suédoises, Anna et un nouveau venu, un français qui voyage avec son petit chien. Nous dînerons ensemble des produits achetés à la ferme.
    La ferme est un ensemble monumental, isolé de tout, qui donne l'impression d'une forteresse au milieu du plateau. C'est aussi un endroit agréable, construit près d'un cours d'eau et de quelques étangs. Des moutons, une basse cour et quelques chevaux l'agrémentent, lui donnant un petit air du Hameau de la Reine de Versailles. Le domaine est la propriété du conseil général de Haute-Loire qui le restaure à grands frais : 1,5 millions d'euros pour les toitures, est-il annoncé sur un panneau. Il est géré par deux salariés qui n'ont pas de grandes compétences en matière d'accueil et de gestion. Ils semblent totalement livrés à eux mêmes. Ils nous vendront des produits qu'ils tirent d'une grande réserve. Il n'y a pas l'air dy avoir vraiment de tarifs et les décomptes sont faits sur des petits bouts de papier qui sont jetés à peine rédigés.
    Nous dînerons tous ensemble autour de la grande table à la chaleur d'un feu de bois, puis nous nous coucherons dans un vétuste dortoir.

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